La pyramide alimentaire est notre premier élément de connaissance en matière d’alimentation. Aussi bien à l’école et à la télé que chez le médecin, elle nous a été présentée comme le nec plus ultra de la nutrition. L’aboutissement d’années de recherche sur les aliments et l’humain, le régime optimal validé par la science moderne, le modèle rationnel sur lequel se reposer… Étudions son histoire.
Les guides nutritionnels du début du XXième siècle visaient principalement à proposer aux populations des menus équilibrés en nutriments (pour prévenir les carences) et bon marché (pour que les plus pauvres puissent suivre les recommandations). Il fallait avoir assez à manger… la nourriture industrielle n’existant pas, il semblait ridicule de d’exclure certaines nourritures.
Avec l’émergence du cancer et des maladies chroniques, il apparut bientôt qu’un changement était nécessaire. Il fallait repenser le paradigme nutritionnel pour intégrer la notion de quantité et réduire la consommation de certains aliments. En 1970, Le ministère de l’agriculture américain, qui est aussi celui de la nourriture, nomma Luise Light « Directrice des orientations diététiques et des recherches éducatives nutritionnelles ». Elle, et son équipe, allaient révolutionner la notion d’équilibre alimentaire.
Ils se mirent au travail sérieusement, épluchant la littérature scientifique sur les liens maladie-alimentation, analysant les études épidémiologiques, étudiant les besoins nutritionnels humain, interrogeant biochimistes et experts médicaux… pour finalement définir un régime santé idéal¹. Dans celui ci, on consomme quotidiennement :
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5 à 9 portions de fruits et légumes frais.
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5 à 7 portions de produits animaux, légumineuses ou noix.
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4 cuillères d’huile première pression à froid.
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2 à 3 portions de produits laitiers.
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2 à 3 portions de céréales maximum, toujours complètes.
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Moins de 10% du total calorique en sucre, ainsi qu’en produits raffinés et transformés.
Satisfaits, ils envoyèrent leur rapport au ministère pour relecture. Il revint « corrigé » : les 2 à 3 portions de céréales complètes s’étaient transformés en 6 à 11 portions (produits raffinés et industriels implicitement acceptés) ; ceci au dépend des fruits et légumes qui de 5 à 9 portions passaient à 2 ou 3². De même les produits laitiers gagnaient 1 portion supplémentaire, et le sucre devenait autorisé « avec modération » ; la question de la qualité des huiles, quant à elle, disparut des radars… L’arrangement de la pyramide alimentaire se retrouva ainsi complètement bouleversé.
Luise Light protesta, prédit une épidémie d’obésité et diabète, mais ne put rien changer à l’affaire ; le reste de son équipe, ne voulant pas perdre leurs emplois, signèrent le rapport modifié. Aucune justification n’avait été vraiment donnée pour ces changements… sinon que les fruits et les légumes risquaient d’être trop cher pour les associations d’aide alimentaire ! Luise Light resta persuadée, sans preuve, que c’était plutôt des considération politique et financière qui avait voulu que les céréales soient mises en avant ; quoi de plus « normal » au ministère de l’agriculture ?
Mais même ce rapport affadi dérangeait, l’industrie alimentaire fit pression pour qu’on ne dise pas à la population de surveiller leur alimentation, de quelque manière que ce soit. D’avril 1991, date annoncée de publication du rapport, à avril 1992, date effective, politiques et lobbyistes cherchèrent à vider la pyramide du peu de bon sens qui lui restait. Les échanges scandaleux se succédèrent en secret et dans les médias, jusqu’à ce que l’industrie abandonne finalement… pensant, à raison, qu’au vu des recommandations évasives qui restaient, les américains ne boycotteraient pas leurs produits.
La pyramide alimentaire était née. Elle devint une référence internationale, un support éducatif utilisé dans le monde entier, façonnant les cerveaux, influençant l’alimentation des familles, conditionnant les repas des cantines etc… un bon exemple des dégâts que peut occasionner une science dénaturée.
Vous pourrez trouver plus d’information sur le sujet dans le livre de Luise Light (en anglais) : What to Eat: The Ten Things You Really Need to Know to Eat Well and Be Healthy
Image prise sur le site dessine moi.
¹ basé sur les connaissances scientifiques, et le contexte, de l’époque.
² ce nombre fut quand même doublé, quelques années plus tard, à la demande express de l’Institut National contre le Cancer.
Bonjour Jérémy
J’ai vu votre article sur la pyramide alimentaire qui est fort intéressant.
Que conseillez vous en terme d’alimentation.
Merci d’avance
Cordialement Hélène
Bonjour, ravi que mon article vous ait plu.
Je conseille une alimentation à base d’aliments non transformés, sans additifs ; en limitant, voire supprimant, les graines et les produits laitiers ; et en mangeant cru ou cuit à l’étouffé (cuisson douce).
Une alimentation de fruits, légumes et produits animaux (produits laitiers exclus), ce qui rejoint plutôt bien Luise Light :).
Bonjour. Je ne comprends pas très bien pourquoi les graines sont mauvaises ou non recommandées ?
Les graines ne comportent pas de micro nutriments assimilables, on a donc là des calories dites « vides ». De plus elles sont chargés en antinutriments (système de défense de la plante pour protéger sa descendance) : phytates, tanins, saponines, lectines, glutens… autant de composés agressant le corps en particulier au niveau intestinal et métabolique.
Merci pour votre réponse. Dans ce cas, pourquoi les différent singes mangent-il des graines et pourquoi nous conseille-t-on (dans les nutritions « alternatives ») de consommer différentes graines ? En est-il de même pour la graine (et donc également le lait) de chanvre, pourtant considérée comme très riche en protéines et en différents apports ?
Les singes ne mangent quasi pas de graines, ces quantités sont parfaitement négligeables.
C’est pareil pour la graine de chanvre, on veut trouver des aliments miracles partout… elle est considérée très riche en protéine pour les végés qui refusent les produits animaux, mais si tu compares à ces produits elle devient tout d’un coup beaucoup moins intéressante (surtout si tu ajoutes les antinutriments dans l’équation).
D’accord, merci pour vos réponses.
Bonjour,
Pour les graines, je comprends et suis assez d’accord. Cependant les graines fermées et/ou jeunes pousse ne sont plus néfaste et ont plein d’avantages , non?
Je suppose que les graines « fermées » sont en fait « germées ». Le problème est que la germination n’inhibe que très partiellement les antinutriments des graines. La fermentation est préférable (http://vitalitepaleo.com/recette-fermenter-ses-graines/).
Pas de problème pour les jeunes pousses.
Donc on ne peut pas germer les graines du genre germline sans avoir ses effets néfastes ? Les plantes dit mucileuse genre cresson si on coupe juste l’herbe son-t-ils considérer comme des légumes et donc acceptable pour le frugivore qui a décidée d’enlever les céréales et légumineuses ? Les céréales comme flocon d’avoine prédigérer donc tremper, son de blé bio etc. sont-t-ils toujours néfastes et les légumineuses non amylacées aussi où il y a des exceptions pour le frugivore ?
Il y a néfaste et néfaste, les petites graines, à fortiori germées, n’auront pas vraiment d’impact négatif sur notre organisme. Par contre les grosses graines comme l(e flocon d)’avoine et le (son de) blé sont à déconseiller…
Cela dit, dans le cadre du frugivorisme où on observe souvent des carences en calorie, en protéine et micronutriments présent dans les produits animaux, on a tout intérêt à faire comme cela marche le mieux pour nous sans chercher un idéal de santé… puisqu’on en est déjà sorti pour rentrer dans une démarche idéologique.